Les taxes américaines sur le vin pourraient provoquer la perte de 100 000 emplois




Le 24 Février 2020, par François Lapierre

Les professionnels des vins tirent la sonnette d'alarme : les taxes imposées par les États-Unis sur les importations d'alcools européens pourraient menacer 100 000 emplois directs et indirects.


Des taxes qui coûtent cher

Depuis octobre dernier, l'administration Trump impose des tarifs douaniers à hauteur de 25% sur les importations de vins européens sur le sol américain. Une mesure de représailles en lien avec le règlement d'un dossier concernant Airbus devant l'Organisation mondiale du commerce, qui a donné raison aux États-Unis contre l'Europe : Airbus a bénéficié d'aides publiques indues au détriment de Boeing, a jugé l'OMC. Jean-Marie Barillère, le président du comité national des interprofessions des vins à appellations et indications géographiques (CNIV), a estimé durant le salon de l'agriculture que ces taxes, qui font plonger les exportations des vins français, menacent 100 000 emplois directs et indirects.

Les États-Unis sont le premier marché pour les exportations françaises de vins. Elles ont chuté de 30% en moyenne en 2019, alors que globalement, les ventes à l'international ont bien progressé. Le maintien des taxes américaines aurait donc un impact sur l'emploi, mais aussi sur la transition écologique des exploitations viticoles, qui nécessite de lourds investissements tout en réduisant temporairement le rendement.

Fond de compensation

Le secteur réclame une aide sous la forme d'un fond de compensation de 300 millions d'euros. Reste à convaincre Bruxelles du bien fondé de la création d'un tel fond. La France pousse à la création d'un tel outil de soutien d'ici au printemps… Même si cela risque d'être trop tard pour beaucoup de producteurs : « Les metteurs en marché vont acheter leurs vins ailleurs, nous perdons des parts de marché qu'il sera très difficile de retrouver », déplore le CNIV.

La perte d'emplois due aux taxes imposées par Washington n'est pas la seule conséquence malheureuse à prévoir. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a alerté sur le manque à gagner de la situation : un tiers du secteur pourrait ainsi perdre plus de la moitié de son chiffre d'affaires, craint l'organisation. La situation des exploitants viticoles n'est pas facile, ils sont pris en étau entre une politique américaine hostile et une Union européenne qui ne parvient pas à se mettre d'accord.


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